Le racisme, une histoire sans fin
Minces, les espoirs de voir un jour le football affranchi du joug du racisme continuent de s’amenuiser. L’Euro U21 a été le témoin privilégié d’un nouveau morceau de xénophobie, les éternels cris de singe, chantés en l’honneur de deux footballeurs allemands d’origine africaine…
Moukoko, Ngankam et les autres
Deux penaltys ratés, un match nul et des maux. « Quand nous gagnons, nous sommes tous allemands et quand nous perdons, nous sommes noirs et des singes…Des choses comme ça n’ont tout simplement pas leur place dans le football. C’est dégoutant », signé Youssoufa Moukoko.
« Pas récompensé comme un tirailleur » comme dirait Booba, le natif de Yaoundé a craché sa colère après cette énième symphonie simienne. Un refrain sans fin qui nous ramène encore à la case départ. La même chanson, des tweets, des t-shirts, des pubs et un communiqué :
« Après le premier match de la sélection allemande, certains joueurs de l’équipe nationale des moins de 21 ans ont reçu des insultes racistes sur leurs réseaux sociaux. La Fédération allemande de football (DFB) prend position à ce sujet. Nos équipes nationales laissent ensemble leur cœur sur le terrain. Nous ne permettons pas qu’on les divise par la haine, l’incitation à la haine et le racisme. A ceux qui ont écrit hier des commentaires discriminatoires, insultants et méprisants à l’égard de certains joueurs, nous voulons dire : vous nous dégoûtez. Vous n’êtes pas des supporters, nous n’avons pas besoin de vous, nous ne voulons pas de vous », lâche la faîtière du Fußball.
Ce texte, on le connaît par cœur. Moukoko et Ngankam ne font que succéder à Kylian Mbappé, Randall Kolo Muani, Bukayo Saka, Romelu Lukaku et autres Samuel Eto’o. Le scénario en amont, à quand la prochaine sortie ?
Jusqu’à quand les footballeurs Noirs vont se laisser endormir par ces belles paroles ? Où était la DFB dans l’affaire Mané ? Où était la DFB lorsque les supporters argentins recevaient le prix FIFA The Best des meilleurs tifosi du monde ? Où était la DFB quand Moukoko subissait une campagne médiatique de sabotage sur son âge ?
Du pareil au même
Le racisme est mort et enterré. Sa place est depuis à la poubelle. L’histoire le sait, mais les Noirs en sont-ils conscients ?
Tu ne peux pas empêcher un homme d’être raciste, mais tu peux l’empêcher de t’atteindre. Maladie difficile à soigner, le racisme fait partie de l’histoire de la société européenne. Lorsqu’un sportif d’origine africaine s’engage à y exercer son métier, il sait qu’il y sera confronté. Il choisit en âme et conscience de dire oui à ce jeu qui ne le voit pas toujours comme un Être Humain.
En d’autres mots, tu n’entres pas dans le feu pour te plaindre qu’il brûle. Comment défendre une victime qui défend les mêmes couleurs que ses offenseurs ? Tu joues pour l’Allemagne, les fans qui t’insultent aussi : vous êtes donc des frères avec des opinions différentes. Le linge sale se lave en famille…
La rose vient avec ses épines. Assumez vos choix, comme vos joies. Les plaintes ne conduisent nulle part, si ce n’est à la régression. Ne pas jouer pour son pays en prétextant qu’il est mal organisé, c’est aussi faire preuve de racisme : donner le ballon pour se faire battre.
Humanisme
En salissant tes origines, tu te salis toi-même. Si Moukoko et Ngankam avaient choisi le Cameroun, ils n’auraient pas été insultés. C’est aussi bête que ça. On ne peut pas combattre le racisme en occultant le rôle joué par l’Afrique dans son propre malheur.
Ne pensez pas seulement à vos origines, lorsqu’il faut distribuer des sacs de riz. Pensez aussi à elles pour lui donner la victoire. L’Afrique ce n’est pas que la pauvreté. C’est aussi le talent, le vôtre : un grand continent.
Indémodable, lutter contre le racisme c’est réduire son champ d’action. L’accusateur d’origine africaine ressemble à cet enfant qui quitte sa famille, en la traitant de pauvre pour aller s’installer chez le riche voisin.
Une fois dans la belle demeure de l’opulent, profitant de ses biens, ce dernier va tomber sur l’adversité méprisante d’un de ses fils, laquelle le contraindra à se décider : partir ou subir les railleries de celui-ci. Il aura beau se plaindre chez son tuteur, la vérité restera la même : un parent ne choisira jamais un étranger aux détriments de ses enfants, aussi mauvais soient-ils. C’est humain !
Si les binationaux africains se plaignent de racisme, que feront les descendants d’esclaves qui n’ont jamais demandé à quitter leur mère : qui ont été arrachés de leurs terres par leurs paires pour être vendus à leurs maîtres. Moukoko peut rentrer au Cameroun, Vinicius doit rester et l’Afrique avancer. La tête haute, garder les oreilles fermées devant ces couplets inhumains sans avenir. Noir, peu importe ta nationalité, l’objectif est de percer : pas de pleurer.
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