Le Suriname : un Brésil qui s’ignore
Jouer pour un pays européen n’est pas une question uniquement liée aux footballeurs d’origines africaines. D’autres terres sont également exposées au dilemme de la double nationalité. Parmi elles, l’Amérique du sud et sa Guyane néerlandaise. C’est sûr que lorsque la dispute oppose un très grand et un très petit, le choix et le débat qu’il suscite deviennent inutiles. Toutefois peut-on réellement parler de petite équipe lorsqu’on voit la quantité de talents produits par le Suriname pour les Pays-Bas ?

Une situation géographique contestée
Géographiquement, le Suriname est un pays sud-américain. Voisin limitrophe du Brésil, ce peuple métissé aurait dû appartenir à la CONMEBOL. Mais la FIFA en a décidé autrement. Les Suriboys (surnom des joueurs de la sélection du Suriname) ont été déracinés et envoyés dans la zone CONCACAF. Un choix curieux, une décision qui a certainement joué en faveur d’une fuite prononcée de talents pour l’Europe et notamment les Pays-Bas.
Affronter le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay etc. aurait été un argument de poids pour retenir Edgar Davids, Clarence Seedorf, Patrick Kluivert, Jimmy Floyd Hasselbaink, Aron Winter, Winston Bogarde, Michael Reiziger, Mario Melchiot, Ryan Babel, Nigel de Jong, Urby Emanuelson, Royston Drenthe, Georginio Wijnaldum et bien d’autres. Derrière ces derbys face à ces immenses noms du football se cachent la certitude d’évoluer au très haut niveau. Et vu le génie de ces surinamiens qui ont choisi les Oranje (surnom des joueurs de la sélection néerlandaise), une très grande sélection sud-américaine et mondiale serait née. Mais…

Une option naturelle
Le Suriname est devenu indépendant le 25 Novembre 1975. Ainsi, tous les surinamais qui sont nés avant cette date étaient quasiment forcés de jouer pour la Hollande. À l’époque c’était possible de faire marche arrière mais la génération Ruud Gullit et Frank Rijkaard n’a pas suivi les traces du précurseur Humprey Mijnales. L’ancien joueur du FC Utrecht est le seul surinamien à avoir joué pour les Pays-Bas et le Suriname.
Les héritiers de Roméo Zondervan sont restés campés sur leur position. Les Pays-Bas ont remporté l’Euro 1988 (leur premier et unique trophée) grâce à eux et la terre de leurs ancêtres est restée « inconnue » du grand public. La souche qui leur succèdera ne fera donc que suivre leur exemple de « pionniers ». Un caractère héréditaire devenu au fil du temps une réalité sans tabous mais pas sans problèmes.
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