Europe : le désert à l’horizon
Le football est universel. On le savait, on le mesure désormais derrière les offensives récentes de l’Arabie Saoudite sur le marché européen des transferts. Le royaume contre-attaque et les raisons de croire à l’avancée du désert se multiplient…
La victoire de Manchester City
Man City champion d’Europe, le signal a été donné. « Le football, il a changé », comme dirait un certain génie français de la communication. Du côté des billets verts, il est maintenant passé. Le Fair Play financier inexistant, les Saoudiens jouent les Cityzens entre les gradins et ça marche très bien.
L’ingratitude
Oui à l’exigence du haut niveau, non à l’ingratitude. Aujourd’hui les footballeurs sont devenus des marchandises au sens littéral du terme. Dès que la date de péremption se pointe, c’est la poubelle : une vraie société de consommation.
Un capitalisme à outrance dans lequel le racisme déambule aisément, pousse les joueurs à se poser des questions sur leurs avenirs. « Pourquoi se donner à fond pour un football qui te lâchera dès que tu manqueras un match ? », se demandent certainement Sadio Mané et compagnie.
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Ronaldo a injustement été écarté de Manchester United et ouvert la voie du pont d’or à tous ces talents qui ont subi le même sort que lui. Karim Benzema, Édouard Mendy, Kalidou Koulibaly, Hakim Ziyech et Ngolo Kante vont le suivre dans le monde des génies incompris traités à leurs justes valeurs, sous le regard envieux de leurs collègues restés à quai.
Time is money
Si CR7 peut, tout le monde peut. Sur toutes les générations, son impact est aussi réel que l’avenir de Mbappé beau. Si l’an dernier, Kyks a refusé le Real Madrid pour prolonger au PSG, c’est qu’il peut jouer en Saudi Pro League.
Ce qui faisait la beauté du foot européen, c’était sa simplicité. Il était accessible partout et pour tous, avant de se laisser embobiner par les belles paroles de la monnaie tel un jeune débutant. Nasser Al Khelaifi aux côtés d’Aleksander Ceferin, contre la Super League, il est désormais pris au piège : assis à la droite de la péninsule arabique et en face l’Arabie Saoudite.
L’argent ne se trouve jamais du côté de ceux qui ont les poches vides. À manifester, le peuple a donc perdu son temps, ses joueurs. La passion ayant foutu le camp, ils vont aller vers le plus offrant.
La plus grande erreur de l’UEFA c’est d’avoir laissé le bancaire prendre le dessus sur le sportif. En NBA par exemple, les finances jouent un rôle prépondérant sans occuper le devant de la scène. Les joueurs sont grassement payés, mais contraints à êtres bien éduqués.
L’attitude avant le sport, le sport avant l’argent, et le basket américain continue de séduire, malgré les rides. Contrairement au soccer, où le footballeur parce que bien payé, a pris le pouvoir pour se rendre finalement compte qu’il est le premier perdant de cette filouterie à grande échelle.
Un jeunisme mal placé
En dépit de son évidente factualité, d’aucuns associent encore le blizzard des Faucons Verts à un petit vent sans importance qui sur son passage, n’emporte que les trentenaires. Ces joueurs dotés d’un palmarès incroyable qui sous d’autres cieux sont royalement pressentis.
« En Afrique, un vieillard qui meurt, c’est une bibliothèque qui brûle », disait Amadou Hampâté Ba, écrivain Malien. En Europe, les pompiers sont surmenés et les jeunes fragilisés. Doués mais privés de conseils, ces derniers perdent leur temps à grandir, se retournant violemment contre leurs institutions. Des erreurs qui auraient pu être évitées si les vieux étaient restés près d’eux. « Si jeunesse savait et vieillesse pouvait » : Pas l’temps pour les regrets !
Conclusions
Des clubs, ils sont passés aux joueurs pour certainement fermer les robinets prochainement. S’ils peuvent faire venir les meilleurs chez eux, les rachats des grosses écuries deviennent inutiles.
En outre, le football européen est au bord du trou. Sans la manne financière du Golfe, ses jours sont comptés comme Paris privé des Qataris et City des Émiratis. Les sommes qu’il injecte dans les équipes du Vieux Continent profitent à toutes ses ligues, les rendant dépendantes. Ils sont venus, ils ont vu et ils ont conquis. Place à l’exportation de la matière grise.
« Je pense que l’Arabie saoudite est en train de faire une erreur pour le football national. Elle reproduit les erreurs de la Chine en recrutant des joueurs en fin de carrière. Nous n’avons pas perdu Cristiano Ronaldo, Lionel Messi ou Karim Benzema. Ils jouent toujours. Mais ils sont en fin de carrière. À cette étape de leur carrière, plusieurs joueurs vont dans des clubs pour gagner de l’argent. Mais tout n’est pas question d’argent. Les meilleurs joueurs veulent gagner les meilleures compétitions, et les meilleures compétitions sont en Europe. Pouvez-vous me citer un top joueur parti en Arabie saoudite au sommet de sa forme ou au début de sa carrière ? », questionne M. Ceferin, patron de l’UEFA avec arrogance, oubliant que ce sont les salaires qui retiennent leurs joueurs. La réponse saoudienne :
« Ce discours est faux (sur les joueurs en fin de carrière). Nous n’engageons pas de joueurs en fin de carrière. Al Hilal va engager Rúben Neves, qui a 26 ans et qui était courtisé par Barcelone. Benzema est arrivé à Al-Ittihad, après avoir remporté le Ballon d’Or au Real Madrid. Nous n’en sommes qu’au début. Mais tous les joueurs transférables seront désormais la cible des clubs saoudiens. L’expérience en Chine n’a rien à voir avec nous, c’est du pur marketing. Le football n’y est pas populaire. En Arabie, nous avons un projet d’État et nous ne nous limiterons pas aux quatre grandes équipes, mais à toutes. Car la passion saoudienne pour le football n’a pas de limites. », confie cinglement Hafez Al-Medlej, président de la commission marketing de la Confédération Asiatique de Football (AFC) :
« La Ligue des Champions est le joyau de la couronne de tous les championnats européens et ce tournoi repose sur deux éléments : les clubs, qui sont des entités géantes, et les joueurs. Le départ des grandes stars européennes sera un coup dur pour les champions et le tournoi perdra beaucoup de sa valeur. Regardez LaLiga, elle a beaucoup perdu avec le départ de Ronaldo à la Juventus. Et elle a perdu encore plus avec le départ de Messi au PSG. Le départ des stars européennes aura un impact sur les contrats de sponsoring et de télévision », poursuit le PHD, annonçant les couleurs d’une concurrence sans merci :
« Messi est le meilleur footballeur du moment et sa signature aurait eu une grande valeur. Mais nous n’allons pas le compenser par un remplaçant. Nous espérons que Bernardo Silva, de Manchester City, arrivera. Nous devrions également commencer à travailler sur la signature de Mohamed Salah, qui jouit d’une grande popularité dans le monde arabe et en Europe. »
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