Pep Guardiola, le meilleur entraîneur de tous les temps ? Rions…

Les commentaires ne donnent pas de trophées. « Les poètes ne gagnent pas de titres », comme dirait Mourinho. Ce n’est pas parce qu’on a répété en boucle que tu es le meilleur entraîneur de tous les temps, que tu l’es réellement. Le sportif a ses règles pour définir les meilleurs et Guardiola ne les remplit pas toutes pour être considéré comme le meilleur entraîneur de tous les temps.

Rien de nouveau sous le bleu ciel

Hervé Renard le rappelait déjà à Habib Beye sur le plateau du Canal Football Club : la victoire de Manchester City en Ligue des Champions n’a rien d’époustouflant. Selon le sélectionneur de l’équipe féminine de France, ce succès, plus logique que génial, est dû au statut médiatique qu’on a construit à Guardiola, au temps qu’on lui a donné et aussi et surtout à l’argent qu’il a dépensé.

« C’est un entraineur exceptionnel, mais avec tout ce qu’il a dépensé, il faudrait quand même qu’il gagne la Ligue des Champions un jour quand même », lâche le natif de Aix-les-Bains devant un public, surpris, ajoutant : « C’est certainement dû à son statut, mais on lui a fait confiance à Man City pendant des années sans rien gagner. Je parle de la Ligue des Champions. Dans d’autres clubs, ce n’est pas le cas. Il a cette chance, mais c’est certainement parce que c’est Guardiola ».

En somme, donnez la même attention à un autre entraîneur, et il gagnera autant que le catalan et en moins de temps.

Voir aussi : Top 5 : les entraineurs virés l’année après un titre de champion – YouTube

Parce que oui, pour un génie, PG a mis trop de temps pour remettre sa copie. On est très loin de l’élève qui sous une bougie, finit premier de la classe, et plus proche d’un enfant gâté qui doit sa primauté aux conditions idéales dans lesquelles il a été mis. À l’image de Messi, l’ancien Blaugrana est le fruit d’un système qui a décidé de le placer au sommet.

S’il faut véritablement parler de génialité, commençons par sa définition. Surnaturelle, « le génie est une personne capable de créer quelque chose de nouveau et de grand ». Au cœur de ce que Pep a réalisé dans sa carrière, la seule chose de grande et nouvelle c’est le laurier de City en C1. Quittant le ciel des Sky Blues, il devient ordinaire, surclassé par ses paires.

City Man

Premier entraîneur à faire deux triplés ! Certes, mais à quel prix ? Entre son premier hat-trick, bien sali par l’affaire Negreira, et le second, 14 ans sont passés. 14 saisons au cours desquelles, l’espagnol a dirigé la meilleure équipe d’Europe à son époque, le Bayern Munich, sans briller, humilié par le Real Madrid, sortant dans la foulée du cercle des grands clubs pour rentrer dans celui des clubs riches. Un choix forcé qui le mènera vers cette écurie qu’il qualifia jadis d’équipe de m*rde, lorsque Yaya Touré, injustement écarté par sa main de fer à Barcelone, décidait de la rejoindre.

« Quand Yaya Touré a quitté Barcelone pour Manchester City, Guardiola lui a dit qu’il allait dans une équipe de merde », racontait Dimitri Seluk en 2016, ancien agent du milieu de terrain ivoirien à la retraite, ayant précisé au préalable : « Il se prend pour Dieu et traite ses joueurs comme des chiens ».

Sans l’argent émirati, Man City se rapprocherait de la Championship. En 84 mois environ, ses liasses tombées des Émirats lui ont donné un visage européen. Une très longue attente qui nuit considérablement à la fameuse ingéniosité de son manager, la virtuosité et la précocité allant de paire.

Exceptionnel, un virtuose fait beaucoup avec peu. On peut tourner les statistiques dans tous les sens et ressortir des milliers de premiers. Mais tout le monde sait qu’avec le pécule dépensé par les Cityzens pour faire plaisir à leur technicien, soulever la C1 en 7 ans est un jeu d’enfant.

Le Protégé

Lorsqu’il perdait, les médias s’arrangeaient à lui trouver des raisons qui empêchaient ses dirigeants de voir un échec dans sa signature. Son budget augmentait et son contrat se prolongeait. Ils demandaient, réclamaient du temps pour leur protégé, tout en lynchant ses collègues, exigeant leurs départs… Pour le protéger ?

Guardiola cette année par exemple, a joué avec quatre défenseurs centraux, trois en défense et un au milieu, sans que personne ne le qualifie d’entraîneur défensif. Passant du Small Ball au Tall Ball avec ses Big Men, son jeu de possession a été rebaptisé jeu de position, tant il reposait plus sur la grande qualité de ses éléments que sur une tactique bien huilée : comme si ses adversaires étaient immobiles sur le terrain.

Bref, ce fameux 3-2-4-1 qu’il a copié chez Marcelo Bielsa, qui aurait été assimilé à un 5-4-1 sous les ordres d’un autre tacticien, est devenu une invention géniale sur son tableau. Une formation pourtant magnifiée par la naïveté de l’aversion, incapable d’exploiter les gros espaces laissés dans le dos des deux milieux offensifs, Grealish et Bernardo Silva, changés en pistons tel De Bruyne en avant-centre avant eux.

Comme quoi, les discours varient en fonction des individus. Sadio, 7 buts en Bundesliga dès sa première saison : un fiasco. Léo, 6 buts en Ligue 1 dès sa première saison : une période d’adaptation.

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Le monde à l’envers

Aujourd’hui, on en demande plus à ceux qui reçoivent moins et moins à ceux qui reçoivent plus. Au football moderne, les meilleurs sont ceux qu’on a décidé d’élever par tous les moyens et non ceux qui se sont élevés par leurs propres moyens. Si Guardiola est le numéro un de l’histoire, que dire de… :

• José Mourinho : arrivé en 2002 au FC Porto, auteur d’un triplé Championnat – Coupe – Ligue Europa en 2003, d’un doublé Championnat – Ligue des Champions en 2004, d’une première saison à Chelsea, dans la Premier League de Sir Alex Ferguson et des Invincibles d’Arsène Wenger, en provenance de la Liga portugaise, à 95 points, 15 buts encaissés et une défaite, d’un second triplé Championnat – Coupe domestique – Coupe d’Europe avec l’Inter Milan en 2010, Serie A – Coupe d’Italie – C1, lors de sa seconde saison chez les Nerrazzuri ou encore d’une série de 9 ans d’invincibilité à domicile
• Unai Emery : quadruple vainqueur de la Ligue Europa avec Séville (3) et Villareal (1), le premier trophée de l’histoire du club Jaune
• Hansi Flick : auteur d’un sextuplé avec le Bayern Munich dès sa première saison
• Carlo Ancelotti : quadruple champion d’Europe avec le Milan AC et le Real Madrid
• Zinédine Zidane : triple champion d’Europe de suite avec le Real Madrid
• Sir Alex Ferguson : 49 trophées, vainqueur d’une Coupe d’Europe avec Aberdeen, un club écossais, en battant le Real Madrid en finale
• Claudio Ranieri : champion d’Angleterre avec Leicester
• Brian Clough : qui fait monter Nottingham Forrest en 1977, devient champion d’Angleterre en 1978 et double vainqueur de la Ligue des Champions en 1979 et 1980
• Jock Stein : auteur d’un quintuplé en 1967 avec les Celtics de Glasgow, uniquement avec des joueurs issus de la région de Glasgow, faisant des Lisbon Lions, la première escouade britannique à décrocher la Ligue des Champions.
• Didier Deschamps : double finaliste de la Coupe du Monde, pour une victoire en 2018
• Hervé Renard : double champion d’Afrique avec deux pays différents, la Zambie et la Côte d’Ivoire
• Walid Regragui : champion d’Afrique avec le Wydad Casabalanca et demi-finaliste de la Coupe du Monde la même année…
• Etc.

Si ce n’est, esquisser un sourire…