Corruption : Barcelone avantagé par l’arbitrage depuis plus de 10 ans ?
C’est certainement l’information de l’année dans le monde du football. Barcelone se serait attaché les services de l’ancien vice-président de la Commission technique des arbitres de la Fédération Espagnole, José Maria Enriquez Negreira, entre 2016 et 2018.
L’affaire Negreira
Elle tourne en boucle depuis quelques heures dans le royaume. Les journalistes ibériques ont dévoilé aux yeux du monde ce qu’on appelle déjà l’affaire Negreira. D’aucuns parlent même du plus grand scandale de l’histoire du football espagnol. Une enquête pour corruption entre particuliers a été ouverte par les instances catalanes compétentes.
Tout est parti du programme « Què t’hi Jugues » de la SER, média catalan. « À quoi tu joues », en français, révélait alors que le FC Barcelone aurait effectué un paiement d’environ 1,4 millions d’euros à DASNIL 95, société appartenant au désormais fameux José Maria Enriquez Negreira. Le vice-président de la Commission technique des arbitres de la Fédération Royale Espagnole de Football entre 1994 et 2018 aurait reçu trois versements barcelonais distribués comme suit :
- 532 728,02 Euros en 2016
- 541 752 Euros en 2017
- 318 200 Euros en 2018
Barcelone, coutumier du fait
Si les dates de ces paiements coïncident avec l’ère de Josep Maria Bartomeu (2014-2020) à la tête du Futbol Club, ce geste assez curieux que certains tentent de justifier n’aurait pas seulement 6 ans d’âge. M. Bartomeu a confirmé à la SER que ces rémunérations douteuses étaient déjà d’actualité chez les Cules bien avant qu’il ne soit élu. Ils dateraient d’avant 2003, durant le premier mandat de Joan Laporta, l’actuel président Alzugrana : une version corroborée par Sandro Rossell, patron de Barcelone entre 2010 et 2015.
Bien qu’il s’agisse d’un problème lusitanien, il est logique de faire un lien avec l’UEFA. L’Espagne européenne, sa fédération est naturellement un membre, qui plus est très influent, de la faîtière du sport roi de son continent. Fédération du Real Madrid et du Clasico, son histoire est immanquablement liée à celle du Vieux Monde.
Autrement dit, si M. Negreira a travaillé pour son pays, c’est qu’il a indirectement travaillé pour l’Europe. Le grabuge qui porte son nom a par conséquent influé sur le déroulement de la grande Ligue des Champions. Sans lui le grand Barça aurait-il existé ? La question est posée…
En effet, la Remontada dans tous les esprits, en Espagne comme en Europe, personne ne peut nier la chance incommensurable qui a accompagné Barcelone durant cette période prolifique de son histoire.
La chaîne française Canal+ Sport, est d’ailleurs revenu, dans le second opus de Décrypté, sur un des évènements notables de cette époque insigne de la sphère du ballon rond. La demi-finale retour de C1, Chelsea – Barcelone du 6 Mai 2009, qui a vu Didier Drogba furieux envers l’arbitre central, M. Tom Henning Ovrebo, crier sa colère devant les caméras et donner à cet épisode décrypté par Toni Chapron et lui-même, son nom : « Fucking Disgrace ».
« C’est la seule fois que j’ai soupçonné qu’un match avait été truqué », confiera plus tard Guus Hiddink, entraîneur des Blues cette soirée au bout de laquelle, au moins 4 pénaltys auraient dû être accordés à ses poulains. Des propos similaires à ceux que José Mourinho avait tenus lorsqu’il était sur le banc du Real Madrid en 2011, battu par Barcelone lui aussi, dans le dernier carré de la Coupe aux Longues Oreilles. Égal à lui-même, le Special One n’a pas mâché ses mots :
« J’ai gagné deux Ligues des Champions sur le terrain avec Porto et l’Inter. Porto, qui vient d’un championnat plus faible, moins riche, et l’Inter qui n’avait pas gagné depuis 50 ans. Nous avons gagné en luttant. Je souhaite à Josep Guardiola sincèrement de gagner ainsi un jour. Moi à sa place j’aurais honte de la manière dont il a gagné sa Ligue des Champions, avec l’aide de l’arbitre. Et j’aurais honte de la gagner à Wembley après le scandale de Bernabeu. Je lui souhaite vraiment de gagner un jour de manière propre parce que je crois que c’est un très très grand entraîneur ».
Et Lionel Messi dans tout ça ?
Pour évaluer l’impact de ce montage financier sur les résultats du Barça en Liga, Marca s’est amusé à dérouler un thread sur son compte Twitter. Un fil de publications sur lequel on retiendra que Barcelone, entre 2016 et 2018, a gagné 2 Liga, a bénéficié de 33 pénaltys contre 3 pour ses adversaires, a passé plus de 2 ans, du 14 Février 2016 au 1er Mars 2018, sans concéder le moindre coup de pied de surface et a pris 4 cartons rouges contre 23 pour les équipes adverses. Un échantillon qui dessine magnifiquement la veine dans laquelle ce club a baigné pendant plus de 10 ans, Messi aux anges.
Oui, Léo est le principal légataire de la plus belle page de l’histoire de Barcelone. Protégé comme la star qu’il est, son palmarès en Catalogne s’est écrit durant cette décennie de succès.
9 Liga sur 10, 6 Coupes du roi sur 7, 8 Supercoupes d’Espagne, 4 C1 et 3 Supercoupes de l’UEFA remportés par l’Albiceleste, pour ne citer qu’eux, qui incarnent cette puissance qui le suivait pareillement en dehors des terrains. Influence indubitable manifestée ici et là par les départs de plusieurs joueurs, entraîneurs et dirigeants, et résumée par cette pièce épique, pensée à haute voix par son grand frère :
« J’ai un article de Sport, (le journal catalan, ndlr) accroché chez moi qui dit : « Messi devrait retourner à Barcelone » et je l’ai sous-titré : « hahahahaha, nous ne retournerons pas à Barcelone, et si nous le faisons, nous allons faire un bon nettoyage ». Entre autres, virer Joan Laporta. Les gens (à Barcelone) ne l’ont pas soutenu. Les gens auraient dû sortir et manifester ou quelque chose comme ça, pour que Laporta parte et que Messi reste. Les Espagnols sont des traîtres. Je vous le dis parce que je veux que cela sorte de nos tripes et que nous n’écoutions pas des choses qui ne sont pas vraies », lâchait alors Matias Messi sur la chaîne Twitch ‘Labajada10’, précisant en toute modestie, qu’on a « commencé à connaitre le Barça à partir de Messi », selon des propos traduits par Foot Mercato.
En d’autres termes, « les traitres » n’ont pas apprécié. Il s’est excusé mais les papiers du virement ont quand même fuité. La riposte ? Qui sait ? Toujours est-il, qu’après sa victoire très polémique à la dernière Coupe du Monde, le Barça Gate est encore venu ternir l’image d’un Messi brillamment absent sous le maillot parisien.
Insipide, la performance du natif de Rosario contre le Bayern Munich au Parc des Princes n’arrangera certainement pas cette situation qui assombrit davantage sa carrière, promise à un bel avenir pourtant. Entre ses collègues qui lui prêtent allégeance, les médias qui le couvrent, les Ballons d’or contestés et les trophées collectifs gagnés sur fond de favoritisme, La Pulga finit sous un gros point d’interrogation : « Why always him ? »
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