Le jour où il n’y aura plus de CAN

Article : Le jour où il n’y aura plus de CAN
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CAN
4 août 2022

Le jour où il n’y aura plus de CAN

Le débat sur les départs pour la CAN, des footballeurs africains évoluant en Europe, n’est pas prêt de se terminer. Il ne fait simplement que commencer derrière la dernière saillie du président du club de football de Naples, Aurelio De Laurentiis : celui qui ne souhaite plus lâcher ses poulains pour cette compétition qui ne lui rapporte rien…

Début de racisme assumé

« Ne me parlez plus des footballeurs africains. Je n’en prendrai plus, tant que la Coupe d’Afrique des nations sera organisée au milieu de la saison », c’est avec ces mots que le neveu de Dino De Laurentiis a mis le feu aux poudres : « Ou bien ils renoncent à leur droit de participer à la Coupe d’Afrique des nations ou alors ils ne seront jamais disponibles entre la CAN et les compétitions d’Amérique du Sud ».

Le dirigeant napolitain n’a pas tourné sa langue sept fois dans sa bouche, pire, il a fait preuve selon moi d’un certain racisme à l’égard des clubs et des joueurs africains. Pour lui, les footballeurs qui jouent en Europe n’ont pas le droit de laisser leur club pour aller défendre les couleurs de leur nation en pleine saison. Il a pensé à voix haute ce que de nombreux dirigeants pensent tout bas…

Vérité immuable

Même si on peut voir dans les propos du dirigeant napolitain Aurelio De Laurentiis une attaque contre l’Afrique et la CAN, il faut aussi voir le problème qu’il soulève. L’un des entraineurs de son club de Naples, l’ex footballeur Luciano Spaletti, s’exprime dans le même sens que son dirigeant. Il déclare :

« Le championnat est encore très long. Il y a encore ce ‘monstre invisible’, la Coupe d’Afrique des Nations, qui te prend des joueurs du vestiaire, sans savoir quand tu les retrouveras, ni quoi faire. Nous avons quatre joueurs concernés. Nous sommes l’équipe du haut de tableau la plus concernée. »

Luciano Spaletti

Le président du club de Naples est aussi un grand homme du football. Il a notamment fait de Kalidou Koulibaly un de ses capitaines, a mis 80 millions d’euros sur la table pour Victor Osimhen et a donné à Zambo Anguissa sa chance quand tout le monde doutait de lui.

Le dirigeant jette un pavé dans la marre pour mettre en avant ses intérêts d’homme d’affaires, réveillant brutalement de ce fait, la conscience africaine dans son ensemble, encore parcourue par des périodes douloureuses comme l’esclavage, la colonisation et l’Apartheid.

L’Afrique et les germes du racisme

Il est nécessaire qu’il arrive des scandales, mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive ! Peu importe la portée de la polémique, il est plus important que les joueurs africains puissent ressortir grandis après ces propos. En plus de savoir qu’ils ne devront plus signer au Napoli s’ils veulent jouer la CAN, ils ont le devoir de donner un autre sens à ce début de confrontation entre clubs de football européens et équipes nationales africaines. Le football africain doit couper le cordon ombilical qui le relie à l’Europe et apprendre à marcher…

Les joueurs de foot africains sont coincés entre la défiance de leurs frères et le mépris de leurs confrères. Le Berceau de l’Humanité est méprisé parce qu’il n’a pas une assez haute estime de lui-même.

Il faut que les instances africaines du football pensent à l’Afrique en premier. Les intérêts des africains doivent primer. À cette allure, les afropéens ne joueront plus la CAN. N’oublions pas que l’ECA, l’Association Européenne des Clubs, a tout fait pour empêcher la CAN camerounaise de se jouer et les africains de l’UEFA de la rejoindre. Celle qui la suit en Côte d’Ivoire, vient à nouveau d’être reportée, pour des raisons climatiques certes, mais pour des raisons que l’on aurait pu mieux prévoir.

Les footballeurs africains étant de plus en plus puissants, il y a une volonté à peine voilée de trimballer leur trophée, leur mérite, de décourager leur dignité et de faire d’eux des apatrides au service exclusif du Vieux Monde. L’objectif est clairement d’effacer la CAN de la carte du football

Croire… comme un devoir

Un corps sans cœur est tout simplement sans vie. La CAN est le cœur du football africain. Si son cœur s’arrête de battre, il perdra sa vie. Et pour que l’on empêche cette réalité de s’imposer à nous, il faudra prioriser le développement local du sport et freiner voire stopper, le départ abusif des footballeurs africains pour l’Europe.

Le club de foot sénégalais Diambars et autres Générations Foot, les grandes écoles du football africain, doivent désormais former pour nourrir les hommes, les femmes et les championnats continentaux en priorité. Des quotas de plus de 50% en faveur des footballeurs locaux doivent être imposés dans les sélections nationales pour forcer les décideurs à ne pas empêcher les compétitions domestiques.

Le Ballon d’or africain doit récompenser le footballeur qui a rendu service au continent africain. Le CHAN doit se fondre dans la CAN et disparaître ou tout simplement devenir notre CAN, seule et unique. La CAF est la seule Confédération qui a une compétition continentale pour les locaux et une autre pour les expatriés : pour les noirs et les blancs, pour faire simple comme le football. La honte ! On ne lutte pas contre le racisme en l’hébergeant…

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