La Super League : la suite logique d’un désastre inévitable

Article : La Super League : la suite logique d’un désastre inévitable
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20 avril 2021

La Super League : la suite logique d’un désastre inévitable

C’est la nouvelle de la décennie, voire du siècle ou même de l’histoire du football. 12 grands clubs européens vont créer une Super League. Dans l’optique de gagner plus d’argent, de booster la compétitivité, un championnat calqué sur le modèle de la NBA va voir le jour. Pour le football européen, c’est la catastrophe, un affront incommensurable pour l’UEFA : la suite logique d’un processus déclenché bien plus tôt.

Page Wikipédia déjà créée : Superligue européenne de football — Wikipédia (wikipedia.org)

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Le Ballon d’or

Les premières rumeurs de Super League européenne datent de 2009. Des voix qui soulèvent cette hypothèse de création se font déjà entendre dans les couloirs. C’est l’année du premier Ballon d’or de Messi. Le début d’une ère qui élèvera au-dessus des autres, un joueur qui n’a jamais rien gagné avec sa sélection.

Six Ballons d’or pour lui, ce champion qui n’a pas forcément gagné la Ligue des Champions pour recevoir cette récompense. On met de côté la victoire collective et on intronise un homme, indépendamment de ses performances sur le terrain : la Super League.

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Pendant ce temps, aucun espagnol n’a reçu quoique ce soit. La Roja, double championne d’Europe, championne du monde, a traversé sa domination sur la pelouse sans aucune médaille, et on s’étonne aujourd’hui de voir l’individualisme triompher sur le collectif.

On brandit désormais ces sélections qu’on a dédaignées pour faire peur aux frondeurs, mais c’est perdu d’avance. Le mal est déjà profond. Peut-on interdire à un homme de défendre son pays ?

Le rôle des médias

Pendant plus de 10 ans les médias européens ont relayé en boucle la supériorité de leur football sur les autres. Narguant presque leurs collègues au lieu de leur tendre la main, ils ont encensé cette approche arrogante du jeu le plus simple qui s’incline devant les stars.

La force de votre équipe se mesure alors au nombre de stars que vous avez. La qualité d’un tacticien est maintenant fonction de sa proximité avec les stars. Maintenant, ces stars et leurs clubs sont menacés d’exclusion. On assiste à ce bras de fer qui incarne à ravir le football moderne. Le joueur qui défie son entraîneur avec l’aval des médias, parce qu’il est une star : la Super League.

En d’autres termes, nous vivons dans une expression d’antan qui a désormais pris forme. Ils ont parlé de grands championnats, des 4 grands championnats, de Big 6, ces grandes équipes qui déciment les petites, pour encenser ce bout de terre qui marche sur leur royaume désormais. Comme quoi, comme dit la loi… De Lavoisier : « Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ».

Ils ont transformé l’image du football. Ont voulu lui refaire le portrait en s’attaquant à tous les symboles qui n’étaient pas européens. Ils ont débuté avec Pelé, le meilleur joueur de tous les temps. Ils ont commencé par lui voler ses 1283 buts pour les donner à un européen. Oubliant qu’en dégradant l’image du roi du football, il dégradait leur propre image. Conséquences…

La FIFA à la rescousse

L’UEFA avait pris la fâcheuse habitude de recadrer son supérieur hiérarchique qu’était la FIFA. Doutant de l’importance du Mondial, contestant constamment les décisions qui n’arrangeaient pas ses stars, elle faisait la fière. Parce que la Coupe des Confédérations la mettait sur le même pied d’égalité que les autres confédérations, elle l’a méprisée.

Ils ont créé la Ligue des Nations. On a supprimé la « Ligue des Champions des nations » pour alléger leur calendrier. Pourtant ce sont eux qui surchargent les agendas avec leurs compétitions.

Les européens n’ont jamais cessé de créer des tournois : la Super League en est la preuve. Mais dès qu’une autre institution habileté à le faire, va dans ce sens, ça devient un problème. Comme s’ils étaient les seuls à avoir le droit de mettre des trophées officiels en jeu.

L’UEFA a oublié que son rôle était de maintenir l’équité entre ses fédérations. Elle a opté pour une Ligue des Champions des plus forts, où des 4es sont qualifiés directement, pendant que de vrais champions sont obligés de passer par des barrages. Ces barragistes qui aujourd’hui constituent l’espoir d’un soccer tourmenté par ses enfants gâtés, ses clubs de stars… : la Super League.

Le racisme au paroxysme

Désormais le football européen est sur un ring de boxe. On a longtemps dit non au racisme en le nourrissant et aujourd’hui il est à son paroxysme. La réunion entre les 12 grands clubs fait penser à la Conférence de Berlin. Ce banquet VIP qui réunit jadis des puissants pour décider qu’il n‘y avait personne en Afrique.

Au nom de l’argent et de la compétitivité Cecil Rhodes et compagnie ont usé du jeu de possession pour prendre des terres qui ne leur appartenaient pas. Sauf qu’aujourd’hui il ne s’agit plus d’africains. Il s’agit bien d’européens… D’un sport collectif qui a fait de l’égoïsme sa marque de fabrique et qui aujourd’hui en paie le prix fort.

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