Quand le racisme rencontre un Lion Indomptable

Article : Quand le racisme rencontre un Lion Indomptable
Crédit:
12 décembre 2020

Quand le racisme rencontre un Lion Indomptable

Le 08 Décembre 2020 est désormais une date historique. Pour le football européen, voir deux équipes en Ligue des Champions, quitter la pelouse pour soutenir un des leurs victime de racisme : c’est du jamais vu. Le monde a assisté à une révolution initiée par un homme qui a refusé de s’abaisser au niveau du règne animal. Pierre Wébo, le Lion Indomptable…

L’histoire de ma vie

Ancien attaquant, Pierre Wébo a toujours été celui qui dit non. Son style a habituellement déplu, mais il est longtemps resté indispensable aux équipes dans lesquelles il a jouées. En s’opposant au Negru de Sebastian Coltescu, l’entraîneur adjoint de Basaksehir n’a fait que rester fidèle à sa personnalité. Celle d’un talent qui comme face à la Côte d’ivoire le 04 Septembre 2005, refuse de rester à la place de second qui lui est attribuée.

Nous sommes à Abidjan en éliminatoires de Coupe du Monde. Dans un choc où Eto’o était attendu pour répondre à Drogba, c’est Wébo auteur d’un triplé, qui réalisera la promesse du Pichichi de « faire dormir les Ivoiriens à 19 h ». Un peu comme cette idée que l’ancien Barcelonais avait émise, sortir du terrain en cas d’actes racistes, qu’il a appliquée avec intransigeance. Renouant de ce pas avec ses origines. Celles qui ont fait de lui un sportif révolutionnaire.

Le Cameroun, pays de football

Dans MBAPPÉ LEPPÉ, il y a PELÉ. Au cœur du nom du premier grand joueur de l’histoire du football camerounais, il y a l’ADN du meilleur joueur de tous les temps. Ce n’est donc pas un hasard, si Mbappé est considéré comme le nouveau Pelé. Le français d’origine camerounaise plonge ainsi ses racines sur une terre qui jouit des mêmes caractéristiques humaines et géologiques que celle du roi du sport roi.

En effet, le Brésil et le Cameroun formaient une seule terre avant. Un pays que la Pangée en se disloquant a séparé et que le Commerce Triangulaire, Traite Négrière, a reformé. Comme par hasard, les « Brésiliens » du Cameroun sont souvent des côtiers, des fils du Littoral comme Milla, Bell, Boumsong, Song, Eto’o, Mboma et autres Mbappé.

Schéma du Commerce Triangulaire (Esclavage) par Sémhur – Wikipédia CC BY-SA 3.0

Non pas pour dire que l’équipe nationale leur appartient, comme pensent ou pensaient certains. Mais pour humblement rappeler que nombre des éléments de sa terre appartiennent à cette zone. Des virtuoses qui par leur qualité exceptionnelle, ont entretenu l’idée avérée d’un Cameroun, à l’instar du Brésil, pays de football et plus encore.

Le Cameroun au service du football africain

De « la Tanière », sont sorties les plus grandes révolutions du football africain. L’Afrique subsaharienne doit beaucoup au football camerounais. Les Lions Indomptables sont les premiers à avoir montré que les sélections d’Afrique Noire pouvaient rivaliser avec les grandes nations. Invaincu au Mondial 1982, c’est grâce à la performance en 1990 du finaliste de la Coupe des Confédérations 2003 que le nombre de pays africains est passé de 2 à 3 en 1994 et à 5 à partir de 1998.

À cela vous pouvez ajouter les maillots démembrés de 2002 et la combinaison de 2004. Ces révolutions vestimentaires sanctionnées jadis par la FIFA qui semblent s’inscrire dans l’avenir du Ballon Rond. Jeu simple qui a vu le Vieux Lion* devant un poteau de corner et Thomas Nkono dans un jogging, repenser les célébrations des buteurs et les tenues de gardien de but.

Du vert-rouge-jaune sur le football européen

Ces derniers jours en Europe, les Camerounais explosent comme jamais. Entre Moukoko qui bat les records de précocité, Mbappé qui marque son 100e but à Paris, Matip qui fait oublier Van Dijk à Liverpool, Nkoulou qui marque, Vincent Aboubakar qui redonne au Besiktas des couleurs, Toko Ekambi qui brille à Lyon, Bahoken à Angers, Ganago à Lens et Choupo-Moting qui se fait respecter au Bayern, Wébo surfe sur une vague positive. Un vent venu du centre du Continent Noir qui annonce peut-être des jours meilleurs pour le quintuple champion d’Afrique… et son continent ?

*Surnom de Roger Milla

Partagez

Commentaires