Stephen Tataw : Héros à vie
L’année 2020 n’a décidément pas fini de nous surprendre. Le 31 Juillet passé, elle a encore montré qu’elle n’avait pas de limite. Dans les hôpitaux, dans les rues, dans les stades elle a ouvert la porte à une tristesse mémorable. Après Pape Diouf, Manu Dibango, Mory Kanté, Michel Hidalgo ou encore Alex Dupont : Stephen Tataw. Il avait 57 ans.
Made In Cameroon
Lorsqu’on a été capitaine du Cameroun et du Tonnerre Kalara Club de Yaoundé. Qu’on a su gagner le respect de Roger Milla, François Omam Biyik, Kana Biyik, Louis Paul Mfédé, Joseph Antoine Bell, Thomas Nkono, Jacques Songo’o, Rigobert Song, Marc-Vivien Foé, Raymond Kalla, Japhet N’doram ou George Weah : on ne peut être qu’un Lion Indomptable. Un colosse qui de son mètre 82, conduisit la première sélection africaine à jouer un quart de finale de Coupe du Monde.
Italia 90
C’était en 1990 en Italie. Vainqueurs de la CAN 88, ses coéquipiers et lui s’apprêtaient à défier le champion du monde en titre en match d’ouverture. Après avoir échangé les fanions avec Diégo Maradona, le natif de Yaoundé allait plier l’Argentin pour le faire pleurer au final.
Peu impressionné par les jongles d’El Pibé de Oro, le défenseur droit devait mener son équipe vers une victoire inédite 1-0. Le succès paradoxal d’un « petit poucet » qui terminera à 9 contre 11 et une meilleure possession de balle (47-53). Une formidable aventure qui s’arrêtera aux portes des demi-finales. La faute à une défaite 3-2 face aux Anglais.
Force tranquille et Fighting Spirit
Stephan Tataw était une force de la nature. Une légende qui a toujours mis sa puissance au service du collectif. Du TKC au Sagan Tosu, en passant par l’OM* et le Tosu Futures, son fighting spirit et son calme n’ont laissé personne indifférent. Héritier de Docteur Abéga, de son brassard comme de son dossard, il restera à jamais le meneur d’hommes idéal : l’un des plus grands capitaines de l’histoire du Cameroun. Rigobert Song :
« C’est très difficile de parler de quelqu’un qu’on connaît dans ce contexte. C’est des personnes qui nous ont fait rêver en 1990. Nous étions des juniors et 4 ans plus tard, nous étions trois à rejoindre les lions, feu Marc Vivien Foe, Raymond Kalla et moi. C’était lui le capitaine et il avait une certaine personnalité à lui. Il parlait peu. Il n’était pas forcément le meilleur joueur de l’équipe, mais nous avons appris auprès de lui. J’ai été capitaine des lions indomptables parce que j’ai copié Stephen Tataw. Il était un leader qui ne parlait pas beaucoup, qui ne faisait pas de choses extraordinaires sur le terrain, mais qui marquait sa personnalité par des actes. Il m’appelait capitaine et moi je lui disais, non, c’est vous le capitaine… ».
*Olympique de Mvolye
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