Booba, Mourinho : Prose combat

Article : Booba, Mourinho : Prose combat
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21 février 2020

Booba, Mourinho : Prose combat

Dimanche le 16 Février dernier, le joueur malien Moussa Marega était victime de cris de singe. Sur une autre terre du Vieux Continent : un autre fait raciste. Une attitude qui a mis le buteur hors de lui, avant de le mettre hors du terrain. Excédé, sanctionné par un carton jaune, le Dragon crache son feu et décide de quitter la pelouse. Contre le gré de ses coéquipiers, de son entraîneur, il fait du Samuel Eto’o.

Victime de la mode, tel est son nom de code

Refusant d’être le « nègre de maison », l’aigle marche sur les traces de son illustre aîné plus de 10 ans après. C’était en 2009 à Rome en finale de la Ligue des champions. Le lion indomptable ouvrait le score contre Manchester United et célébrait alors son but en frappant sa peau noire façon Marega face à Gimaraes. Signifiant ainsi le rapport houleux qu’il entretenait cette saison avec Pep Guardiola.

En mathématiques lorsque a=c et b=c alors, a=b. Sauf que nous sommes en football et la vérité ici est variable. On parle de racisme quand il s’agit de supporter. Mais lorsqu’il s’agit de Pep, ce mot est banni. On porte même en triomphe le technicien, faisant de lui le meilleur penseur du monde : l’opposant parfait à José Mourinho.

Une attaque déplacée

José Mourinho a perdu face à Leipzig 0-1. C’est la fin du monde. On met de côté sa victoire contre City 2-0 et on ressort le négatif de ses résultats. Il n’a pas gagné un match à élimination directe depuis 2014. C’est énorme, c’est inquiétant et c’est une statistique nulle de sens. Remontada oblige, Paris en est la preuve. Qui aurait cru que la France serait championne du monde après avoir fait 0-0 à domicile contre le Luxembourg ? Personne.

Messi n’a jamais marqué dans un match à élimination directe en Coupe du Monde : il a 6 Ballons d’or. Un exemple qui illustre bien toute l’ire que suscite le Special One. Ses défaites sont quasiment célébrées. Pourquoi ? On ne le saura peut-être jamais. Ils parlent de jeu, mais c’est surement plus fort que ça. Ce qui est sûr cependant c’est que JM est un leader, un vrai. A lui seul il a détruit l’image qu’on se faisait de son peuple en Europe. Désormais, un portugais ne sera plus vu comme un manœuvre, un domestique, mais comme un brillant stratège.

Frères d’armes

A coup de punchlines dont il a le secret, ce clasheur insatiable a démoli le vilain cliché de travailleur sans génie qu’on a donné à Ronaldo et les siens. Formant de ce pas un duo de choc aux côtés de Booba : le « Grand Black » défenseur atypique de la Négritude. (Lire Booba: Analyse d’un Discours Postcolonial (1995-2017) de Victoria Kabeya)

En effet, en plus d’avoir 1m92, le Duc de Boulogne a un cerveau, un vrai. Au-dessus du phototype d’esclave, de serviteur. Dans un langage qui lui est propre, le rappeur franco-sénégalais a bel et bien démontré que les africains n’ont pas que des muscles dans la tête.

Les habitants du Continent Noir peuvent encore être de coruscants hommes de lettres et d’affaires à succès. Ses textes faisant de plus en plus l’objet d’études universitaires, de livres, de reprises, de documentaires, le créateur de la figure de style appelée la métagore trouve dans ce sport un compagnon de lutte. Un homme qu’il n’aurait jamais croisé sur un ring de MMA.

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