Afrofuturisme : le football africain dans 50 ans

Article : Afrofuturisme : le football africain dans 50 ans
Crédit: João Pacheco / Pixnio
27 novembre 2019

Afrofuturisme : le football africain dans 50 ans

En 2010 nombre de pays africains fêtaient les 50 ans de leurs indépendances. Le Cameroun, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Nigeria etc. devenaient des nations à part entières. Et rejoignaient le gotha des territoires aptes à présenter une sélection lors d’une compétition internationale officielle. La Confédération Africaine de Football (CAF) née en Février 1957, voit donc son panel s’élargir. Et le football africain s’affranchir… ?
L'équipe d'Égypte en 1920 par la Bibliothèque nationale de France
L’équipe d’Égypte en 1920 par la Bibliothèque nationale de France – Wikipédia (Domaine Public)

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Avant cette époque l’Afrique n’avait « logiquement » pas le droit de solliciter une place en Coupe du monde. Égypte, Soudan, Éthiopie et Afrique du Sud, les pays libres sur le Continent Noir se comptaient sur les doigts de la main. 1930, 34, 38, 50 et 54 furent donc rationnellement des mondiaux n’ayant vu aucun pays africain passer, à l’exception de l’Égypte en 1934.

Aussi après cette vague d’indépendances, il devenait tout aussi cartésien que la CAF évolue dans son rôle. Frustrée de devoir batailler contre l’Asie et l’Océanie, la présidence du soudanais Mohamed Abdelhalim demande une véritable place africaine en Coupe du Monde. Requête qui arrivera après le boycott des éliminatoires de la World Cup 1966. Ainsi, le nombre de places passera progressivement de une équipe en 1970 à 2 (1982, 1990), 3 (1994), 5 (Dès 1998) et même 6 lorsque l’Afrique du Sud devint en 2010, la première nation africaine à organiser un mondial.

Iceberg

Un signe qui devrait prouver que le football africain a fortement progressé. Eh bien non ! Si dans les années 60 et la fin des années 80, l’Afrique a connu l’apogée de son sport roi. Si à ce moment ses talents évoluaient pour la plupart en Afrique, pour les africains et attiraient les regards extérieurs, ce n’est plus le cas désormais.

Au-delà des nombreux génies qui ravissent les enceintes européennes, la seule grande satisfaction internationale africaine jusqu’ici. Ses véritables faits d’armes restent les finales de Coupe des Confédérations et de mondiaux des clubs joués par le Cameroun en 2003, le TP Mazembe en 2010 et le Raja Casablanca en 2014. Respectivement face à la France, à l’Inter de Milan et au Bayern de Munich. Pour le reste, le Cameroun quart-de-finaliste du mondial 1990 n’a jamais été dépassé. Les Lions Indomptables furent égalés par le Sénégal en 2002 et le Ghana en 2010. Le reste n’est que régression…

En 2018 en Russie, aucun pays africain sur cinq n’est sorti de sa poule : une première. La CAF est aujourd’hui sous tutelle de la FIFA. Et une Coupe du monde des clubs sera organisée quasiment en même temps que la Coupe d’Afrique des Nations. Une compétition FIFA qui remplace une autre. La Coupe des Confédérations : le seul « calice » de la fédération reine du football qui mettait toutes les confédérations sur le même pied d’égalité. Lequel a vu une équipe nationale africaine jouer une finale de « coupe du monde ». Après avoir battu le Brésil (1-0) et la Colombie (1-0)…

Le Brésil et le Cameroun s'affrontent lors de la Coupe des Confédérations 2003
Brésil – Cameroun (Coupe des Confédérations 2003) par Liondartois via Wikipédia

Tristement célèbre

La Ligue des Champions de la FIFA sera donc remplacée par un autre mondial : un tournoi où les places ont encore été redistribuées sans aucune objectivité sportive. Pourquoi 8 clubs pour l’Europe et 3 pour l’Afrique ? Une question dont la réponse se trouve nécessairement dans un champ lexical vieux de plus de 60 ans.

En fait le football africain n’a jamais vraiment été pris au sérieux. Il est resté un divertissement quand les autres professionnalisaient le leur. Pourquoi ? Parce qu’il n’a pas su se démarquer. Les décisions prises par l’administration chargée de le gérer, ne lui ont jamais apporté grand-chose. La preuve : avant les dates d’organisation des compétitions étaient adaptées aux réalités locales et connues à l’avance. Aujourd’hui c’est un véritable questionnement philosophique. Peu de ligues locales sont professionnelles. N’en parlons même pas des équipes, de la qualité des stades, de l’état des pelouses, des problèmes de primes, de l’arbitrage, de la violence dans les stades etc.

Black or white ?

On est passés de 16 à 24 pour suivre la mouvance. Sans se demander si c’était le bon moment pour l’Afrique. Peut-on faire pire ? Certainement. Avant ça, il y a eu la naissance du CHAN. Un désaveu, un abandon explicite du football local. Une option unique qui le réduit à une compétition d’un mois pour attirer les recruteurs étrangers. Une démonstration tangible que les yeux de son ballon rond sont rivés vers l’Europe. Comment sera le football africain dans 50 ans ? Bien mieux. Puisqu’il est carrément reparti à zéro…

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