Ligue 1 : Le football français face aux entraîneurs étrangers

Article : Ligue 1 : Le football français face aux entraîneurs étrangers
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27 septembre 2019

Ligue 1 : Le football français face aux entraîneurs étrangers

Il y a quelques années, Juninho en direct du Canal Football Club, regrettait que les étrangers soient toujours montrés du doigt en France après un échec. Aujourd’hui qu’il est le directeur sportif de Lyon. Qu’il a choisi Sylvinho pour pérenniser sa légende sur le banc de l’OL, son avis ne devrait sans doute pas évoluer. Son club vient d’enchaîner un 6e match sans victoires. 5 nuls et une défaite qui ne cessent de faire parler dans l’Hexagone. Le technicien Carioca est implicitement montré du doigt et on regrette déjà Bruno Génésio. Une attitude qui interroge. Sachant que l’actuel manager du Beijing Guang n’a rien gagné avec les Gones de 2015 à 2019. Quelle place occupe les entraîneurs étrangers dans le paysage médiatique français ? On se le demande vraiment…

And the winner is…

« Lyon n’est pas prêt ». Estimait-on à la fin de la préparation des Lyonnais. Bien que ces matches ne furent qu’amicaux, le doute a été installé. On a oublié tout ce que les Brésiliens ont apporté à cette ville, à ce pays, au football et on a déclaré l’état d’urgence. Des sirènes qui vont vite ravaler leurs mots derrière les deux premières journées de Ligue 1. Deux victoires probantes à Monaco 0-3 et face à Angers 6-0 qui enlèveront les gyrophares sur le toit de l’ambulance de l’OL. Avant d’y remonter devant ce sextuplé d’insuccès.

Aussi, les remarques ne tardent pas à resurgir. Les latéraux ne montent pas. Le jeu manque de folie. Pourquoi ci ? Pourquoi pas ça ? Bref le problème est la personne en chemise blanche assise sur la touche. Si le septuple champion de France, dernier de sa poule, a été éliminé en Ligue des Champions par La Gantoise en 2015 ; a été logiquement sorti de la Ligue Europa par l’Ajax en 2017 et le CSKA Moscou en 2018, respectivement en demi et en huitièmes. Si ce fabuleux Lyon de Pep Génésio a été incapable de remporter la moindre coupe en 4 ans à l’inverse de Guingamp et Strasbourg, c’est surement à cause Sylvinho.

Comparses

Toutefois, le second entraîneur étranger de l’histoire de l’ancien LOU ; le premier depuis Vladimir Kovačevic parti en 1982, n’est pas le seul à subir les foudres des médias. On a également douté de la valeur d’André Villas-Boas, vainqueur de l’Europa League. Mais aussi et surtout de celle de l’autre tête de turc des spécialistes : Leonardo Jardim. Geoffroy Garétier, sur le plateau du Late Football Club : « Il faut bien que Monaco gagne une fois »

Une victoire, 6 points sur 21, le portugais ne bénéficie toujours pas des honneurs liés à son passé glorieux. Champion de France. Demi-finaliste de la C1 (le seul en France depuis 2010). L’homme qui a relancé Falcao et propulsé Kylian Mbappé et Bernado Silva, se fait sévèrement titiller. Des gestes durs sur l’homme qu’il regrettait déjà sous ses meilleurs jours :

« J’ai l’impression qu’en France, les gens sont nationalistes : ils défendent beaucoup leurs compatriotes, moins les étrangers»

La réaction de Pierre Ménès ne se fera pas attendre(évidemment)  :

« Et puis, il y a évidemment LE contre-exemple : Marcelo Bielsa, qui est arrivé comme une star et qui démontre tout son talent sur le banc de l’OM. Parce qu’on ne le juge que sur le jeu, pas sur son éternel survêtement, ses conférences de presse glaciales ou sa satanée glacière. Lui n’a pas critiqué les jeunes Français : il les a mis au boulot. Benjamin Mendy, Giannelli Imbula, Dimitri Payet, ou encore Florian Thauvin, souvent montrés du doigt pour leur comportement ou leur indolence, sont tous au diapason. Bref, cette histoire de corporatisme, avec ses sous-entendus de racisme, est une escroquerie. Mais ça a le mérite de faire parler les bavards. Et d’exciter les idiots. »

Besognes

Lorsqu’on relit la réaction de Pierre Ménès aux propos de Jardim, on peut noter toute l’affection qu’il a pour Marcelo Bielsa : éternel survêtement, conférence glaciale, satanée glacière. De l’art pur quoi ! Une poésie dantesque qui n’oublie pas de pareillement sanctionner le tacle appuyé du coach monégasque sur les jeunes français. Lequel déplorait en 2014 leur manque de professionnalisme.

La flemme du football français est ainsi remise au goût du jour. Sans qu’on puisse cependant contredire l’ancien handballeur. Quand on sait que des joueurs français tels que Blaise Matuidi ou Christopher Nkunku semblent aller dans ce sens depuis qu’ils ont signé à l’étranger, comment le faire ? Comment dédire les propos du Parisien Leonardo qui déclara jadis :

« Le niveau de préparation des joueurs et des entraîneurs est vraiment bas. La base de travail n’est pas là. Si la France perd une place à l’indice UEFA, c’est que cela ne marche pas. »

De Joey Barton l’ancien Marseillais :

« En France, quand tu travailles dur, on sous-entend que tu n’as pas de talent. Ils ne croient pas au travail, à l’effort. J’ai l’impression qu’il faut qu’ils soient en colère pour qu’ils se bougent vraiment. »

Ou encore Phillipe Montanier :

«J’ai envie de parler de la France en général. N’est-ce pas plus un problème d’état d’esprit général que du seul footballeur ? Quand vous discutez avec des gens de secteurs différents du foot, on n’a pas la réputation d’être des grands travailleurs. Ainsi, beaucoup d’entraîneurs étrangers sont un peu surpris de l’implication et de l’investissement en France. Ça ne concerne pas tous les joueurs évidemment, mais je parle là d’une bonne moyenne. Parler de faignants, je trouve ça excessif, c’est plutôt qu’il y a moins d’implication, moins d’intensité.»

Fausse route

A l’ombre de ce débat volcanique se susurre une phrase : « Il n’y a aucun entraîneur français à la tête des plus grandes équipes françaises. » Paris, Lyon, Monaco, Marseille, un constat qui soulève les foules mais ne date que de cette année. L’OM et l’OL étant dirigés par des français les 3 dernières années. Sans oublier Laurent Blanc au PSG de 2013 à 2016.

De plus, si on compare les championnats anglais et français, on remarque qu’en Premier League 8 clubs sur 20 sont dirigés par des anglais : Crystal Palace, Burnley, Brighton, Chelsea, Bournemouth, Sheffield United, Aston Villa et Newcastle. Un octogone composé d’une seule grande écurie : celle des Blues de Lampard. Quand en France 14 équipes sur 20 sont sous les ordres de tacticiens français.

Une belle bagatelle qui depuis l’arrivée des qataris à Paris, déploie au moins deux entraîneurs français sur la scène européenne chaque année. Ligue des Champions – Europa League confondues. Cette saison on a Christophe Galtier avec Lille en C1 et Ghislain Printant avec Saint-Etienne en C3. Un ratio de 2/4 qui contraste fortement avec le 1/6 de l’Angleterre. Et démontre bien qu’en Europe les techniciens de la Gaule sont très bien représentés. Man City, Liverpool, Chelsea (excepté cette année), Arsenal, Tottenham, Manchester United ont tous des étrangers à leur tête depuis au moins 5 ans. Et ce sont eux qui symbolisent la puissance de la première ligue du monde.

Conclusions

Bref, le football français devrait respecter les techniciens étrangers comme on respecte les techniciens français à l’étranger. Zinedine Zidane (Real Madrid), Arsène Wenger (plus de 20 ans à Arsenal), Gerrard Houllier (Liverpool), Luis Fernandez (Athletic Bilbao), Didier Deschamps (Juventus), Rudi Garcia (AS Roma) et que dire de ces sélectionneurs qui inondent l’Afrique voire l’Asie. Si ce n’est que les médias bleus, blancs et rouges, n’ont pas à se plaindre d’une minime présence extérieure sur leurs tapis verts. Un entraîneur en France doit être viré pour la mauvaise qualité de ses résultats. Pas pour être remplacé par un collègue français. Jean-Michel Aulas :

« Sylvinho et Juninho ont toute ma confiance mais il faut avoir des résultats. C’est la loi du foot. »

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Commentaires

Jean-Luc
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En effet, il y a plus d’entraîneurs étrangers à la tête des clubs européens. D’ailleurs, c’est grâce à des sites de sport comme : https://live.clicnscores.fr , que je découvre diverses actus footballistiques.

Je pense également que les tacticiens français devraient revoir les choix tactiques qu’ils utilisent pour faire
gagner leur équipe.

À+