Cameroun : Sans façons !

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9 octobre 2019

Cameroun : Sans façons !

Après son élimination en huitièmes de finale de la dernière Coupe d’Afrique des Nations, le Cameroun a décidé de changer d’entraîneur. Clarence Seedorf est parti et Toni Conceicao est arrivé. Au grand dam de Patrick Mboma ou de Rigobert Song, le technicien portugais sera le 3e entraineur des Lions Indomptables en deux ans. Un choix qui intrigue, sans remettre en doute la capacité du quintuple champion d’Afrique à trôner sur son continent.

Jamais à l’heure

Le choix d’un ancien footballeur camerounais aurait été une option judicieuse. Quand on voit le travail de Djamel Belmadi ou d’Aliou Cissé, on est en droit de réclamer un Lion Indomptable à la tête des Lions Indomptables. On attendait de voir cet insigne ambassadeur de l’Afritude se laisser porter par le vent identitaire qui souffle sur ses terres. Encore hélas ! Cette façon de concevoir le football est trop rationnelle pour évoquer le football camerounais. À l’instar d’un lion véritablement indomptable, le Cameroun n’est jamais où on l’attend.

Un esprit 5 étoiles

En effet, les camerounais sont tellement conscients de la supériorité de leur sélection en Afrique, qu’ils savent qu’il suffit d’un homme pour les mener à ce succès. Ils ont l’ADN de la CAN. Et ils n’en doutent pas le moins du monde. Peu importe l’équipe qui sera édifiée, le pays de Roger Milla sera porté par l’esprit de ces incorrigibles rois.

En outre, le Cameroun a gagné 5 CAN avec 5 entraîneurs européens différents. Des techniciens n’ayant eu avant le Cameroun, aucune expérience notoire en Afrique et en dehors.

  • Radivoje Ognjanović : sélectionneur serbe vainqueur en 1984 de la première CAN du Cameroun, la première équipe qu’il a entraînée.
  • Claude Le Roy : le tacticien français était entraîneur d’Amiens en National et de Grenoble en D2, avant de remporter la CAN avec le Cameroun en 1988.
  • Pierre Lechantre : l’ancien joueur de l’OM fût entraîneur du Paris FC en National et de l’AS Le Perreux avant d’offrir au Cameroun sa 3e étoile continentale en 2000.
  • Winfried Schäfer : le surnommé Winnie, est le premier entraîneur vainqueur d’une CAN avec le Cameroun ayant eu une grande expérience avant. Sa plus grande performance restait jusque-là une finale de Coupe d’Allemagne perdue en 1996 avec le club de Karlsruher. Collectif qu’il a dirigé pendant 9 ans en Bundesliga. Avant de signer à Stuttgart et au Tennis Borussia Berlin.
  • Et Hugo Broos : le vainqueur de la Coupe de l’UEFA et de 2 Coupes des Coupes en tant que joueur d’Anderlecht, est le plus grand palmarès des techniciens victorieux de la CAN avec le Cameroun. Le Belge avait déjà entraîné 10 clubs avant de venir au Cameroun. Une dizaine de 27 ans d’expérience faite de 2 clubs algériens : la JS Kabylie et le NA Hussein Dey. De 3 titres de champions de Belgique et 2 Coupes de Belgique avec le FC Bruges et Anderlecht. Les seules couleurs qu’il a arborées sur une pelouse. Lorsqu’il n’était pas convoqué en sélection.

De ce fait, l’ancien Diable Rouge conclut une liste que pourrait bien compléter sans rougir le très décrié Toni. Il sera le seul avec Hugo Broos qui aura remporté des titres avant d’arriver au Cameroun. 2 Coupes et une Supercoupe de Roumanie avec le FC Cluj (un habitué des compétitions européennes) ce n’est pas rien en 17 ans et 13 clubs de carrière. Ce n’est pas ce que le public espérait, mais ce n’est pas la mer à boire non plus. Les anciens joueurs devront être patients. Leur tour est imminent. Il faudra certainement revoir cette manière instinctive de fonctionner à une échelle plus grande. Mais en ce qui concerne la prochaine fête du football africain, ça devrait encore aller.

Un Lion ne meurt pas, il dort

Une équipe qui affronte le Cameroun ne sait jamais à quoi s’attendre. Cette propriété incohérente du foot camerounais est d’ailleurs l’une des raisons des nombreux échecs des clubs camerounais dans les compétitions africaines. La réussite en club est fonction d’un suivi cartésien. Pour y réussir, il faut se projeter dans le temps.

Sauf que dans la tanière, on vit au jour le jour. Les équipes camerounaises ont eu leur heure de gloire : elles attendent leur retour. Pour quand ? Personne ne le sait. Encore moins les camerounais. Ce dont ils sont sûrs cependant, c’est qu’il ne faut jamais enterrer le cœur d’un champion. Et la force de ce champion olympique est celle du plus dangereux des félins : l’effet de surprise. Une équipe sans botte secrète est un collectif voué à l’échec. Les grandes équipes sont celles qui savent entretenir leur caractère imprévisible. Celui-là même dont la qualité principale se trouve dans sa définition.

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